Souvenir d’Alsace

« Souvenir d’Alsace » explore les ressorts d’une iconographie construite, au cours des dix-neuvième et vingtième siècles et au fil de trois guerres successives, sur l’intrication étroite entre représentation pittoresque et propagande nationale.

Charles Fréger s’appuie sur des références historiques empruntées à l’imagerie, l’illustration, au dessin de presse, aux objets manufacturés, aux œuvres de commémoration historique. L’Alsace devient alors un champ d’expérimentation sur ces objets de culture vernaculaire et les mécanismes de diffusion de ces représentations.

Réalisé sur plusieurs années, le projet implique la participation des acteurs locaux français et allemands, intervenant à différentes étapes du processus créatif. À l’image de l’iconographie étudiée et de son économie de diffusion, qui déployait, à l’aune de l’ère industrielle, un large éventail de supports, Charles Fréger fait cohabiter au sein du projet diverses formes de productions manufacturées, artistiques et artisanales locales (céramique, masques en bois, broderie…)

L’esthétique de la silhouette, du théâtre d’ombres, du décor de scène chère à l’artiste se conjugue à la réinterprétation contemporaine d’objets traditionnels. A terme, cet important corpus proposera un panorama des archétypes visuels alsaciens et ouvrira la réflexion sur les formes politiques liées à cette iconographie, l’imaginaire qu’elle a forgé et la mythologie qu’elle a servie. Dans une demie-pénombre, dont on ne sait si elle émerge ou se retire, l’icône habite un espace frontalier grisé, où l’évidence qu’elle affiche habituellement n’est pas de mise.