Partout dans le monde, l’artiste s’intéresse aux tenues et aux uniformes, à la façon dont l’individu et les différences peuvent s’exprimer au sein d’un groupe homogène, comme le sont les militaires ou les sportifs. Cette démarche apparemment documentaire masque une attention extrême aux détails et un vocabulaire photographique décliné selon un certain nombre de principes formels : cadrages serrés souvent frontaux, neutralité de l’expression, position statique de l’individu représenté.
L’Epopée de Jeanne d’Arc, une série inédite de 15 photographies réalisée en 2016, renouvelle la façon de travailler de l’artiste. Si l’attention aux cadrages, le choix des poses, l’éloquence des détails et des attributs et l’importance accordée à la mise en situation sont des caractéristiques que l’on retrouve dans ses séries précédentes, cet ensemble de photos n’a plus rien de la frontalité et des couleurs propres à des séries plus anciennes.
Dans ces photographies, un modèle pose dans l’abbatiale Saint-Ouen de Rouen devant un tissu tendu qui est éclairé par le revers : seule sa silhouette se découpe donc à contre-jour. Ce sont les attributs – l’agneau, la croix, les chaînes, l’armure – et les poses évocatrices qui permettent d’identifier une figure faisant partie de l’histoire de la ville de Rouen : Jeanne d’Arc. En pied ou à cheval, en armure, ou enchaînée, portant l’étendard ou l’épée, blessée d’une flèche ou arborant l’artifice d’une auréole, cette Jeanne tour à tour hiératique ou échevelée, sculpturale et guerrière, qui fait entrer l’iconographie de la pucelle dans le XXIe siècle.