Ramgarh, dans la région du Jarkhand. Charles Fréger y réalise une série de portraits dans une école de filles.
C’est un travail délicat qu’il mène ici, toutes ces jeunes filles, âgées de 13 à 16 ans, revêtent le même sari et adoptent la même posture, frontale, le buste parfois légèrement tourné, les bras le long du corps. Leur visage est ceint de deux longues tresses remontées et attachées sur la tête. Les couleurs sont douces, comme les expressions sereines. En Afrique, en Asie, souvent lors de ces voyages, le photographe visite des écoles, y observe les physionomies, les attitudes et les uniformes, lui qui a commencé son corpus par le portrait de la jeunesse, alors qu’il était lui-même tout jeune adulte. Avec cette série, réalisée en 2010, soit dix ans après Glögg ou Notre Dame, le photographe ressent désormais un hiatus entre l’adolescent et lui, et se doit de reconnaître que le rapport est désormais définitivement modifié. La différence d’âge avec ces adolescents n’est plus minime comme à ses débuts, il ne partagera plus ce bout de territoire avec eux, ce fonds de connivence tacite, il est passé de l’autre côté, celui du monde des adultes et, lui-même devenu père, du côté du monde des parents.