Camouflages

Dans Camouflages, l’uniforme colle à la peau. Les visages peints d’hommes et femmes militaires du régiment d’artillerie de marine, à proximité de Rennes, en Bretagne, se succèdent. En regard, un paysage de forêt leur répond, les troncs se pressant les uns contre les autres jusqu’à confondre leurs dessins et brouiller leurs contours. Dans ces portraits, en plan américain, toujours les mêmes pantalons treillis camouflage aux jambes et t-shirt kaki. Hommes et femme posent (presque) tous les bras le long du corps, devant un fond lie de vin brun. Tapis sous la couche de maquillage, les traits du visage sont rendus illisibles ; s’y sont substitués d’autres traits, graphiques, de vert, noir et brun, soudain chargés de traduire un peu de cette identité camouflée. Bandes de couleurs parallèles, arcs de cercle concentriques, taches désordonnées, chacun reconstitue à sa mode sa « nature ». Comme dans Water-polo ou Pattes blanches, la matière avec laquelle Charles Fréger compose est avant tout la lumière : lumière sur la peau, lumière sur les pigments du maquillage et échos des matières et des couleurs entre elles. Une série de silence, où seules dialoguent les surfaces.