Steps

Le photographe part en direction du Nord, de la glace, du froid et du patinage synchronisé. Il a déjà abordé le sujet en 1999, quand lors de la French Cup de Rouen, où il étudie alors aux Beaux-Arts, il photographie les équipes italienne, canadienne, américaine, suisse et finlandaise venues concourir. C’est dans un club de la banlieue d’Helsinki qu’il choisit de revenir au sujet. Y retournant plusieurs fois, il se familiarise avec les équipes lors de leurs entraînements, les filme en compétition et interviewe les jeunes filles. Il écoute les récits, observe la relation de chacune d’elles à l’équipe. Il cherche à saisir la part de réalité dans le fantasme de l’équipe perçue et vécue comme une famille et approche de plus près la mythologie du groupe. L’environnement est restreint au périmètre de la patinoire, piste, couloirs, vestiaires, et au-dessus jamais visible mais bien présent à l’image, le toit du bâtiment comme un couvercle qui vient peser et parachever le huis clos. Plein pied sur un fond noir juste percé de quelques points de lumière, ou plan serré sur le visage, seul à se démarquer dans l’étendue du mur et du justaucorps blancs. Différents niveaux et tranches d’âge sont représentés, on compte au sein de ce club finlandais, les Little Steps, ces enfants en justaucorps bordeaux, les Dream Steps, les Ice Steps et les Steps on Ice, qui à force de rêver, y sont arrivées. C’est elles qui posent avec le « Winner Face », soit le visage de la gagnante. Il fallait que le sourire fasse partie de l’uniforme pour qu’il apparaisse au cœur de l’image de Charles Fréger. Porter le sourire, la tête haute et les gencives couvertes de vaseline pour le maintenir aussi radieux que le justaucorps pailleté, elles l’ont appris. Pour la première fois, le modèle ne fait pas face, il est pris de trois quarts, le regard suivant la direction intimé par le protocole du Winner Face, fixé là-haut, vers les sommets de la gloire.