Après deux ans de négociations avec le ministère de la défense indien, Charles Fréger obtient l’autorisation de photographier le célèbre régiment sikh de l’état du Jarkhand.
À la suite de la série Hereros et Short School Haka, c’est le rapport de force et la survenance d’une cohabitation entre tradition ancestrale indigène et tradition coloniale que le photographe relève dans le régiment, tels qu’ils se manifestent dans les uniformes.
Le vêtement est un territoire où se télescopent et coexistent le turban, la barbe, les moustaches sikh avec le tartan, la cornemuse et les guêtres. Alternent portraits en pied, en buste et gros plan, intérieur et extérieur. Les registres se mêlent, les photographies en pied présentant les soldats en situations d’entraînement succèdent aux vues en intérieur d’hommes en uniformes de parade, trombone, cornemuse et trompette en mains. Puis quatre portraits se dégagent, cadrés au buste, sur fond de couleur vive, bleu, violet, orange, vert, comme des icônes pop. La couleur rebondit en multiples points sur l’image, le turban, les galons, le foulard et la veste. Et puis il y a cette moustache parfaitement lissée et retroussée, et le regard fier qui parachèvent tous deux l’allure dandy volontiers empruntée par le soldat.
Comme il l’avait fait pour Merisotakoulu, série dédiée à la marine finlandaise, ou Orange Order, consacrée aux orangistes d’Irlande du Nord, Charles Fréger met en scène un autre protagoniste important de ce corps armé : la mythologie du régiment. Aux portraits s’associent des représentations peintes des faits de guerre et batailles remportées.