Palio

A l’initiative de cette série, se trouve une commande de la ville de Ferrare, en Émilie-Romagne, où se tient le plus vieux palio d’Italie. Moins connu que celui de Sienne, son origine remonterait à la fin du XIIIe siècle. Lors du dernier dimanche de mai, la ville voit s’affronter huit contrades, soit huit groupes de quartiers rassemblés par affinités culturelles plus que géographiques, lors de trois courses, à pied, à dos d’âne et à cheval, sur la place principale de la ville. Chaque contrade a son cortège historique, rejoignant les autres pour former après la course un défilé en hommage à Lucrèce Borgia. Hommes et femmes revêtus de tenues médiévales, défilent sous leurs couleurs, portant haut le blason qui leur est propre. Cuirasses et robes, métal et velours se succèdent devant le photographe. Et par moments, l’irruption du contemporain, voiture ou street wear, au premier plan ou dans les environs. C’est qu’il lui faut faire vite, le palio est une grand-messe où règne l’agitation et la ferveur des participants et spectateurs. L’exercice de la prise de vue y est une autre course. Et il s’agit aussi pour le photographe de traduire au travers de ces anachronismes la réalité d’une jeunesse qui a suffisamment intégré la culture du palio à son temps pour s’approprier la tradition de manière libre. Dans les profils et demi profils du photographe, on reconnaîtra des réminiscences de la peinture du Quattrocento italien, portraits des époux Sforza de Piero della Francesca en tête.