Les perspectives (video)

La période que nous traversons, et l’obscurité dans laquelle elle a plongé presque tous les corps de métiers et l’ensemble des citoyennes et citoyens, a par effet de contraste, mis en lumière la nécessité pressante de maintenir le contact avec cet extérieur qui nous est empêché par la situation sanitaire.

 

Mon projet artistique s’est inscrit depuis vingt ans dans un mouvement exploratoire se déployant par cercles concentriques. J’ai commencé par arpenter la Normandie, notamment ses clubs sportifs et ses centres d’apprentissage, puis les Hauts de France et enfin j’ai entrepris au cours des dix dernières années de grandes campagnes photographiques sur des territoires aux périmètres larges, en Europe, puis dans l’archipel nippon et enfin aux Amériques et en Inde travaillant sur des formes diverses de communautés. La situation présente force à reconsidérer sa pratique.

 

Si l’on ressent, en tant qu’artiste et citoyen, la nécessité que ces réalités nouvelles soient verbalisées, explicitées, imaginées, dépassées par les paroles plurielles de créateurs de tous les champs d’expression, nous sommes nombreux à en chercher encore les modalités.

Comment, simplement, faire image quand toutes celles qui prévalent, dans les médias et les esprits, les uns nourrissant les autres dans une sorte de spirale vicieuse, ne font qu’asséner les mêmes représentations de notre empêchement obsédant et du repli lancinant des corps et des esprits ? Quelle image peut faire surface dans ce flux noir épais ? Comment, à titre personnel, continuer à créer quand je ne peux plus voyager ?

Vers quelle communauté aller quand le rassemblement est proscrit ?

Ma position, de fait, est ici, en Normandie, à Rouen.

Dès lors, travailler en bas de chez soi, à sa porte… l’autre, à sa fenêtre.

La fenêtre, c’est encore une frontière, entre l’intimité à laquelle le passant n’a pas accès et l’espace public, entre un intérieur où l’on peut vivre à visage découvert et un extérieur vers lequel, malgré tout, on continue d’aspirer.

Je pense alors – j’y pense en fait depuis mars – à cette peinture de Manet, présentant une famille bourgeoise au balcon, et puis aussi à sa réinterprétation sarcastique en forme de memento mori par Magritte, des décennies plus tard.

 

Je souhaite avec Perspectives faire, dans le périmètre de la Métropole rouennaise, le portrait d’habitants, femmes, hommes, de toutes générations et milieux socio-culturels, à leur fenêtre, ou à leur porte.

 

Le dispositif filmique est volontairement simple: il associe un plan fixe à un filmage au ralenti. Récemment éprouvé lors d’une commande effectuée à l’été2020 pour la direction culturelle de la principauté de Monaco, ce dispositif permet la réalisation de portraits décomposant les mouvements d’ouverture et de fermeture, découvrant la chorégraphie invisible d’une gestuelle corporelle quotidienne.

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