Ils tiennent leur balai comme un roi tiendrait son sceptre. Ce sont les balayeurs de la ville de Paris, des 7e et 14e arrondissements. Le photographe les rencontre, aidé par une bourse de la ville de Paris, et choisit de les portraiturer, au fil des saisons, comme des hommes de pouvoir, attribut de force à la main, esquissant parfois des attitudes presque dandy. Ils se tiennent là dans leur territoire, soient les rues, leurs trottoirs et voies bitumées ou pavées, en lisière des jardins publics. Le photographe quitte ici le terrain de la jeunesse et de l’apprentissage pour aborder un âge différent, celui du temps qui a passé lentement sur les visages et y a tracé des sillons. Certains d’entre eux sont balayeurs depuis trente ans. Leur uniforme tient tout entier dans sa couleur, ce vert si caractéristique, vif et néanmoins invisible au passant pressé, tant la présence est familière. Les hommes verts sont pourtant là, toujours, silencieux, le regard sur le pavé, à nettoyer derrière.
