Water-polo

Ici, Charles Fréger s’installe dans les vestiaires d’une piscine normande pour réaliser les portraits des joueurs d’une équipe de water-polo, sortant d’entraînement. A l’image de nombre des autres travaux effectués à cette époque, la série rend compte d’une réalité familière, située dans l’environnement proche de l’artiste.
Si Water-polo se distingue particulièrement dans son œuvre, c’est que la manière du photographe s’érige ici en système manifeste, Water-polo comptant sans doute parmi les ensembles d’images les plus sériels et systématiques. Réalisée dans les premières années de son exercice, elle est l’ensemble où le photographe rassemble sa manière, s’imposant un cadre resserré : celui de son appareil –il s’en tient ici strictement au buste– et celui de la série –intitulant pour la première fois ses photographies suivant une numérotation, ici de 1 à 12, soit du joueur le plus jeune au plus âgé. Le systématisme est encore renforcé par la constance du fonds d’une image à l’autre, répétant le bleu dégradé du mur du vestiaire. L’uniforme est minimal, se résumant à ce casque aux oreilles rondes et à ses fines lanières, encore retenues par un nœud ou déjà libérées, laissant alors courir leur délié sur la peau toujours humide et perlée. L’uniforme tient dans cet accessoire, tout comme dans la peau et dans ce corps, hésitant au fil des images entre enfance et adolescence. Le photographe, comme le modèle, fait face, volontaire, et fort de ce cadre affiché peut poursuivre l’exploration du territoire plastique contenu dans le cercle ainsi délimité.