Notre Dame

Première incursion en terre étrangère pour ces Portraits photographiques et uniformes. Si Charles Fréger traverse la Manche, c’est pour l’uniforme scolaire. Il porte son choix sur la ville de Norwich, dans le Norfolk, en Angleterre, jumelée avec sa ville de résidence, Rouen. Poursuivant donc l’investigation des milieux d’apprentissage, il réalise les portraits d’élèves de l’école Notre Dame. Dans cet établissement mixte, le port de l’uniforme est obligatoire jusqu’à 17 ans, âge auquel l’élève, alors en dernière année, peut se rendre à l’école avec les vêtements de son choix. Ce cadre souple permet d’observer l’évolution de l’appropriation par l’élève de son uniforme, de l’application docile et innocente de l’enfant, à la ruse et ses tentatives plus ou moins timides de détournement – bijoux, maquillages, cravates de travers – du pré ado jusqu’à la rébellion franche de l’adolescent. L’émergence et le développement de cette lutte face à l’uniforme, face au corps qu’il représente, celui de l’entité de l’école, et à travers elle, du corps de l’enfance, se traduit à l’image par le déploiement tout aussi progressif de l’éventail de poses adolescentes.
Notre Dame est une des très rares séries – avec Glögg et Palio – à intégrer le vêtement sous une autre forme que celle de l’uniforme. Si le didactisme de cette série, qui aborde la relation évolutive de l’individu à son uniforme, appelle cette intégration, le street ou casual wear, tout comme tout autre objet de mode et de consommation courante, restera dans l’œuvre photographique presque toujours hors champ, et l’obsolescence avec eux.