Sihuhu

C’est un petit train perché sur une colline au-dessus de Budapest et dont les jeunes Hongrois prennent soin depuis des décennies. Les meilleurs élèves des écoles hongroises gagnent le droit de se rendre dans ce camp d’été et de revêtir, le temps d’une saison, l’uniforme de chef de gare et de contrôleur, empruntés aux pionniers communistes. Sur les rails, à bord du train – qu’ils ne peuvent toutefois pas conduire – , les voilà propulsés vers l’âge adulte. Jeunes garçons et filles habitent alors un espace-temps improbable. Sommés d’agir suivant les règles d’un âge qui n’est pas encore le leur, ils voient leur corps se mouvoir dans un uniforme et dans un environnement témoins d’un âge qu’ils n’auront pas connu : l’ère communiste. Verticales fuyantes des rails, lignes droites des préaux de gares et des banquettes de bois, le tout ponctué de quelques sculptures réalistes socialistes : rectitude et désuétude sont partout à l’image. Nulle trace du monde là dehors.