Majorettes

Alors qu’il l’entamait en 2000, Charles Fréger ne se doutait pas que la série Majorettes l’amènerait à sillonner les villes et bourgades du Nord Pas-de-Calais pour constituer la première de ses séries qui revêtent une telle dimension : 60 clubs visités au cours de 20 festivals et autant de week-ends, et 180 clichés retenus, tous publiés dans le livre paru en 2001. Ses sujets, exclusivement féminins – enfants, adolescentes, mères – posent, une à une, dans la tenue aux couleurs de leur club. Le photographe conserve le protocole de prise de vue établi dès Pattes blanches : pose frontale, cadrage alternant entre plein pied et plan américain, éclairage au moyen de deux flashs, sourire proscrit. Du contexte du festival, il fait volontairement abstraction et choisit de soustraire les majorettes à l’agitation de l’environnement festif. En guise de décor, il opte pour les salles de sport et salles des fêtes ; leurs murs colorés et texturés servant de fonds. Contrairement aux séries antérieures, l’uniforme n’est pas ici vêtement de travail, mais de parade. Et c’est logiquement que celui qui a déjà exploré le milieu de l’apprentissage professionnel et sportif, ainsi que le milieu militaire, y vient : la parade en tant que spectacle performé et représentation de soi n’est jamais très loin de l’uniforme, le plus sérieux soit-il.
La série Majorettes augure de séries postérieures telles que L.12.12, Wilder Mann ou Bretonnes : soient des édifices photographiques construits dans une démarche empruntant, par l’ampleur du territoire parcouru et le nombre de clichés accumulés, à la campagne photographique.